Les Arômes

Les Arômes.

« Nous sommes sur une gamme florale assez étendue et complexe où nous distinguons bien le tilleul, le jasmin, la capucine, l’angélique, l’acacia. Avec des touches de pivoine séchée, et, peut-être même, de fleur de thuya. Quant aux arômes secondaires et tertiaires, qu’il faut savoir mériter […] ils sont, cependant, d’ores et déjà présents, avec des notes assez franches. De litchi, de mangue, de figue, de pamplemousse, à quoi nous ajouterons la pomme caramélisée et la compote de pruneaux ». Ce n’est plus un vin, c’est la boutique de Fauchon !

Certains œnologues et sommeliers charrient. Le dégustateur moyen qui renifle son vin avec désespoir. Se sent honteux.

Au delà des surenchères des spécialistes et des excès de langage, il est exact que les bons vins. Exhalent une extraordinaire variété d’arômes…

J’aimerais bien, puisque le vin se révèle être aussi un sac à malice ou à poésie, humer un jour dans un verre l’arôme si particulier et si recherché de la peau du cou d’une jeune femme amoureuse, dans le parc de Bagatelle, un soir de mai, au soleil couchant, après une matinée de pluie.

« Le pédantisme des grands connaisseurs de crus m’impatiente » (L’empereur Hadrien dans Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar).

(Extrait du dictionnaire amoureux du vin, Bernard Pivot)

 

 

Quant à moi, les anecdotes foisonnent de ces personnages suffisants qui trouvent du muguet ou du potiron vert dans les vins. Comme si le vin était une liste du marché.

Une anecdote m’a pourtant marqué : Le décor se plante dans un chais de la vallée du Rhône, j’avais rendez-vous avec le maître des lieux pour goûter ses vins.

Le jour même de ma venue, un car de touristes (non-prévu au programme) se joint à notre dégustation. Le vigneron humant son verre, se targue devant l’assistance (un public d’une cinquantaine de personnes) de trouver des arômes de mûres.

J’avais beau renifler à exploser mes cloisons, pour moi les notes de mûre étaient inexistantes. Et ce vigneron me regardant l’air hautain et dédaigneux : « Comment !!! Vous ne trouvez pas la mûre !!! ».

J’ai pris congé, en me promettant de ne jamais y remettre les pieds (et le nez), pourtant, dieu sait combien j’aime les chais, les caves et autres endroits bachiques.

Revenons sur la mûre en question. Avez-vous déjà senti une mûre ? Même si elle évoque le grignotage de notre enfance au bord des haies, personnellement je trouve qu’elle ne sent pratiquement rien, par-contre avec du sucre et en confiture… C’est pas mal.

Vous l’aurez compris, j’aime quand un vin à des arômes de vin, suivant les mémoires d’enfance subjectives, avec des notes de jardin de curé et de craie d’instituteur… Surtout d’humilité…