Dégustation

Dégustation

La dégustation, c’est comme le football : tout le monde peut y jouer.

Les Français n’en ont pas le monopole, ni les professionnels du vin, ni les clubs d’amateurs réunis pour des grands-messes de dégustation verticale… ou horizontale… ou vertico-horizontale. Du « Goûtez-moi cette petite côte, vous m’en direz des nouvelles »… la dégustation se prête à des variantes infinies. Sauf qu’il s’agit chaque fois de goûter un vin pour le juger…

« Sur la langue, le vin parle », écrivait le Bourguignon Pierre Poupon. Il lui arrive même, parfois, d’être très bavard. Il énumère ses arômes comme un général de Napoléon ses batailles. De ses bouquets, il fait de la poésie ; de ses velours, taffetas et satins, des robes ; de son âge, une geste ou une philosophie… Même après avoir été bus, ils continuent de jacasser. Ou de souffler au dégustateur une trouvaille comme celle-ci : « j’en connais de meilleurs qui ne valent pas celui-là ! »…

Déguster, c’est deux fois jouir. Jouir d’avoir à sa disposition les moyens d’explorer un vin ; jouir des vertus de ce vin. Rarement solitaire chez les amateurs, la dégustation est un plaisir partagé. Toute la science, tous les travaux, tous les soins, toutes les fatiguent, préparent et annoncent l’heure de la dégustation, sommet épiphanique de la rencontre de l’homme et du vin.

Allez donc savoir pourquoi il y a tout de suite moins de plaisir lorsque la dégustation s’appelle examen organoleptique !

(Extrait du dictionnaire amoureux du vin, Bernard Pivot)

 

Quand je déguste et non pas quand je trinque donc que j’endure, je suis toujours seul. Non pas au sens premier, il peut y avoir du monde dans la même pièce mais je suis seul. L’action de déguster se situe au fond de nous. Tellement de jardins secrets, de mémoires, d’expériences vont remonter à la surface à l’approche de l’ôte viticole à déguster.

 

Subjectif, me direz vous, sans aucun doute. Notre mémoire au fil des ans enregistre et enregistre encore, bien que, plus nous vieillissons, plus notre mémoire fait défaut. Mais, malgré tout, elle place dans des tiroirs les sensations, les parfums, les goûts et tant d’autres choses. Quand nous dégustons, ces tiroirs s’ouvrent et leur contenu nous ramène à « nous ». Je tourne en rond, c’est peut-être de la philosophie, en tous les cas c’est de l’humain.

 

Pourquoi aimons nous ou n’aimons nous pas ? Tout est dans nos tiroirs…. Les tiroirs de notre mémoire….. Qui s’ouvriront à la Dégustation.