Etiquette

Étiquette.

Les sommeliers sont des échansons républicains. Moins responsables de l’étiquette que soucieux des étiquettes, les vraies, les indispensables, collées sur les bouteilles, plus, pour certaines, des collerettes et des contre-étiquettes remplies soit de renseignements sur le vin et sur le domaine, soit d’un bla-bla où le négociant, trop souvent, chante les louanges de sa piquette. Des papiers d’identité, en somme. Des cartes de visite réglementées. Où il est obligatoire de fournir des informations sur le vin, son appellation, son taux d’alcool, le nom et l’adresse du producteurs, etc. Sur une bouteille pleine, une étiquette est prometteuse comme un visa ; sur une bouteille vide, pathétique comme une inscription commémorative…

Un vin peut-il cacher sa médiocrité derrière une splendide étiquette ?

Oui, comme nous savons dissimuler la noirceur de notre âme derrière des vêtements chic. Ces impostures, il me semble, sont plus rares chez les bouteilles que chez les hommes…

(Extrait du dictionnaire amoureux du vin, Bernard Pivot)

 

Pour exemple, le décor est froid puisqu’il est planté dans les allés criardes d’un hypermarché. Le climat est bruyant et sans âme. Une femme, plutôt jolie, pousse laborieusement un de ces chariots nommé « caddie » d’où dépasse des denrées cellophanées, insipides et totalement dénuées de bon sens.

 

 

 

Soudainement, de son air le plus enjoué elle tend le bras vers une bouteille d’une belle étiquette mordorée, marquée « Bourgogne ». Fière et certaine d’avoir dégoté la perle rare qui fera plaisir à son compagnon, pour un repas d’amoureux qui laisse augurer une suite des plus sensuelle (je reste révérencieux).

 

 

Tout est requis, de la nappe immaculée, au chandelier. La lumière se veut tamisée et la galante c’est engoncée dans une robe qui ferai pâlir Maryline. Vint le moment tant attendu ou l’amant Trempe ses lèvres dans le soit disant nectar découvert quelques heures plus tôt.

Et lui de s’esclaffer : « dis donc Jeannine tu l’as eu où ton pinard ? ». Un rustre me direz-vous, sans doute, car même si Jeannine est le prénom de sa promise, il aurait du l’appeler « chérie ». Quant au terme « pinard » qui désigne un mauvais vin, cela n’a rien de péjoratif en raison du contenu de son verre. Le vin en question, sélectionné sur un coup de tête ou plutôt d’étiquette, était sans aucun doute une piquette mémorable, car même en Bourgogne il est aussi de mauvais producteurs qui font par extension du mauvais vin.

 

Alors, me direz vous, comment s’assurer que le vin est bon ? Allez tout simplement chez votre Artisan-Caviste préféré et faite lui confiance. Achetez un vin et non pas une étiquette. Ne faites jamais confiance à l’étiquette car même si elle est belle, elle peut cacher le pire, je parle bien sur de l’étiquette, pas de Jeannine.

Et puis les vins sont comme les hommes ne jamais se fier à l’étiquette !!!

 

Note : Que les « Jeannine » de la terre entière me pardonnent, j’en connais des charmantes, des cultivés, des adorables.